Marea Editorial

L’édition argentine se porte bien et les traductions d’auteurs français aussi. Ainsi, les rives du Río de la Plata revivent une nouvelle édition d’un ouvrage oublié d’Alexandre Dumas

Caroline Béhague

Alexandre Dumas n’a jamais mis les pieds sur les rives du Río de la Plata. Mais cela ne l’a pas empêché d’écrire La Nueva Troya, un roman dans lequel il s’empare du conflit opposant, entre 1843 et 1851, les forces de Montevideo, ville administrée par Rivera, à celles de Buenos Aires, commandées par Juan Manuel de Rosas. 
La Nueva Troya est, à sa sortie, aussi célèbre que polémique, car l’auteur des Trois Mousquetaires s’est laissé guider, pour construire son récit, par le témoignage de Melchor Pacheco, envoyé en France par le gouvernement de Montevideo. Forcément subjectif, ce livre reste néanmoins un témoignage important de la description du Río de la Plata de l’époque et pour la cascade de grands personnages qu’il brasse entre ces pages : Rosas, Artigas, Rivadavia… Pourtant, ce classique avait été totalement oublié depuis les années 70. A Buenos Aires, sa dernière édition datait de 1961, jusqu’à ce que l’obsession du journaliste Alejandro Waksman et l’audace de la maison d’édition Marea Editorial permettent la réédition de cet ouvrage à 2000 exemplaires. 
La Nueva Troya a été présentée à l’Alliance Française il y a deux semaines. "L’Alliance veut s’investir dans l’aide à la diffusion et à la promotion des ouvrages ayant un lien avec la France", explique Pierre Andricq, directeur de la bibliothèque de l’Alliance. "Nous organisons au moins une rencontre littéraire par mois". La présentation de La Nueva Troya a attiré un public limité : "Les classiques français ont moins de succès que les auteurs contemporains", s’étonne Pierre Andricq.

Soutien français à l’édition argentine

"Notre ligne éditoriale est centrée sur la publication de livres journalistiques, explique Constanza Brunet, j’ai été séduite par l’idée de ressusciter ces aventures et par les descriptions de Dumas de nos grands chefs militaires". Marea editorial fait partie de l’association Edinar (Los Editores independientes de Argentina por la diversidad bibliográfica) qui regroupe une trentaine de petits éditeurs de la capitale. "Entre 2001 et 2003, il y a véritablement eu une explosion du nombre de sociétés d’édition", affirme Constanza Brunet. "Après une longue période de concentration des sociétés argentines et beaucoup d’importation de livres espagnols ou mexicains, l’édition nationale est de nouveau très dynamique". 

Ces éditeurs (on trouve aussi bien La editorial De La Flor, qui a publié Mafalda, que Marea Editorial) sont des militants de la "bibliodiversidad" et ont trouvé un soutien auprès de l’ambassade française. A travers son programme Victoria Ocampo, l’institution propose une aide financière pour promouvoir les auteurs français. Cette année, trente ouvrages vont en bénéficier. Marea editorial aimerait traduire, l’an prochain, le livre du philosophe français Jacques Bouveresse, Peut-on ne pas croire, sur la vérité, la croyance et la foi. 
A l’Alliance française, la prochaine rencontre débat aura lieu le 19 octobre prochain.